Disparition d’Henri Halluin, grand témoin de la bataille de la Poche de Chambois

L’équipe du Mémorial de Montormel a le regret de vous informer du décès d’Henri Halluin, grand témoin de la bataille de la Poche de Chambois.

Henri participait régulièrement aux sorties sur le champ de bataille, lors desquelles il évoquait ses souvenirs. Ce conteur hors pair savait partager avec ses auditeurs son parcours personnel, poignant et douloureux, qu’il faisait ressortir des événements de la bataille de Normandie.

Réquisitionné par l’organisation TODT pour construire des blockhaus, il est présent le 6 juin sur les plages et assiste au débarquement à Langrune-sur-Mer. Il retourne alors à Caen pour retrouver les siens, et notamment sa fiancée ; ensemble, ils trouvent refuge aux carrières des Roches à Mondeville, et subissent impuissants les bombardements de la ville. Le 24 juin, alors qu’il passe avec son oncle, sa cousine et sa fiancée par le cours Montalivet à Caen, il est gravement blessé par un obus. Son oncle, sa cousine et sa fiancée périssent sous ses yeux.

Le 14 juillet, les carrières sont évacuées. Malgré la douleur que lui cause sa blessure, Henri prend la route et rejoint ses parents à Saint-Pierre-Canivet. Le 10 aout, ils reçoivent l’ordre de partir. Arrivés au hameau de Moissy, ils s’abritent d’abord sous un pont avant de trouver refuge dans une dépendance de ferme. À neuf personnes, dans une toute petite pièce, ils subissent la bataille de la Poche de Falaise Chambois. « On ne dormait plus, on ne mangeait plus. On ne savait plus où on était. On faisait nos besoins dans un coin de la pièce et l’on recouvrait cela de paille ».

La bataille terminée, il découvre hagard l’horreur du champ de bataille : « Nous enjambions les morts sur des dizaines de mètres. Au milieu de la route, deux bulldozers canadiens de front dégageaient de part et d’autre les cadavres sur les bas cotés. J’interpelle l’un des pilotes, lui signalant l’inhumanité de son travail ; il me répond « Ceux-là sont morts et il faut bien qu’on passe ».

Après la guerre, Henri va travailler aux mines de Potigny. Passionné d’aviation, pilote, il est aussi grand amateur d’aéromodélisme et c’est d’ailleurs par ce biais qu’il rencontre pour la première fois l’actuel directeur du Mémorial de Montormel encore enfant.

Il fallut attendre les commémorations de 2004 pour qu’Henri se décide à partager son expérience avec le public. Cette année-là, c’est lors de sa venue au Mémorial avec un vétéran canadien, lieutenant au 4th Medium Gun nommé Eugene Lavoie, que va se tisser une amitié jamais démentie avec l’équipe du Mémorial.

Henri Halluin
Henri Halluin témoignant dans la cour de la ferme où il a trouvé refuge en 1944